Elle le dit enfin, elle fait des cauchemars. Elle ne "peu(x)t pas fermer les yeux, parce qu'elle fait des cauchemars".
Comme je me plais à le répéter, notre Minuscule de presque 2 ans et demi a fait ses nuits à 3 semaines de vie. Et nous avons eu un sommeil paisible jusqu'à ses 2 ans, gros veinards conscients de l'être que nous sommes. Puis, fait remarquable, elle a choisi seule d'abandonner sa tétine, sitôt les deux bougies soufflées.
Quelques semaines plus tard, les réveils nocturnes ont débarqués dans notre vie... Une fois par nuit, puis deux, puis trois. Mais ils étaient courts, elle retombait vite dans les bras de Morphée après un bisous et/ ou/ pas un peu de lait...
Avec l'été est venu le temps des départs en vacances. On voulait que notre Minuscule -fatiguée par ses nuits- profite de ses vacances et puisse s'y reposer enfin. Nous aussi par la même occasion... Alors avant de partir, sur les conseils d'amis, on est allé voir une ostéopathe. Voir le déroulement d'une séance a été très intéressant mais cela n'a eu aucun effet sur le sommeil perturbé de Mademoiselle. On y a appris qu'elle est quelqu'un d'hypersensible, une "éponge à émotions", et que donc, les nuits fractionnées étaient probablement dues à des mauvais rêves. Il y a eu du mieux, du moins bien, et depuis quelques semaines, du pire. Nos nuits étaient devenues 2 ou 3 heures de sommeil au mieux. 5, 6, 7, 8 réveils ou plus. Des couchers à n'en plus finir. Des cernes pour tout le monde. Des tensions toute la journée. Les collègues qui proposent des allumettes tous les matins. Un bébé épuisée qui s'endort dans son assiette chez la nounou, et que ça crève le cœur de réveiller le matin quand, parfois, elle dort si paisiblement... Bref, cauchemar sur toute la ligne.
On a essayé la lumière, pas de lumière, la veilleuse, pas de veilleuse, les doudous par milliers, les discours rassurants au coucher...
Un matin, après une nuit de 1 heure, j'ai attendu impatiemment que sonnent 8h près de mon téléphone, et ai appelé mon généraliste. Je voulais lui parler de notre intention d'aller consulter un pédo-psychiatre, lui demander quelle solutions on pouvait encore chercher/trouver. Trop tôt pour le pédo-psy. La Passiflora Composée proposée il y a quelques mois n'est plus adaptée à ses nouvelles angoisses, on tente de nouvelles prescriptions homéopathiques. Arsenicum Album, Stramonium, Pulsatilla. On peut aussi continuer "Quiétude", un mélange homéopathique en sirop. On repart aussi avec une ordonnance destinée au meilleur homéopathe de la ville.
On décide de tout essayer. De faire passer les choses autrement. D'ajouter d'autres remèdes aux petites billes que l'on espère magiques. On emmène notre Minuscule chez le Géant Suédois. On lui propose de se choisir un objet qui la protégera. Elle choisit une lampe, qu'on invente "magique". On la monte avec elle, et on en profite pour lui rappeler qu'elle a choisit cette lampe pour se rassurer et qu'on pense effectivement qu'elle va la protéger. On a l'air de deux débiles perdus chez Aladin à lui parler de lampe magique, mais tant pis, on rentre dans son monde, on se met à son niveau (débordant) d'imagination.
Vient l'heure redoutée du coucher. Fière de sa lampe, elle l'allume seule, sitôt arrivée dans sa chambre. Puis elle me dit tout bas : "Ecoute maman, ma lampe dit "va-t-en" aux cauchemars". J' acquiesce, elle a l'air convaincue. On lui donne ses petites billes. Rituel habituel du coucher, et au dodo. La mise au lit est un peu plus facile que les soirs précédents.
Dix minutes plus tard, premiers cris. Elle ne veut pas fermer les yeux, parce qu'elle voit des cauchemars. J'en rajoute une couche. Je dégaine le sirop qui, d'homéopathique, devient "sirop magique". Et me voila en train de lui expliquer que c'est un sirop magique qui fait fuir les cauchemars. Ça marche, elle s'endort plus ou moins paisiblement.
Tout ça pour dire que même si on nous rabâche à tout bout de champs que les cauchemars et les terreurs nocturnes sont des passages obligés de la petite enfance, ces nuits blanches à répétitions ne sont pas faciles à vivre, et tout le quotidien s'en trouve perturbé. Alors il faut essayer, tester, faire, défaire et refaire, parler, expliquer, convaincre. Toutes les tentatives de solutions racontées ici sont celles qu'on a trouvées et expérimentées. Avec plus ou moins de succès. Il n'y a pas de remède miracle ; ou en tous cas, on ne lui a pas encore mis le grappin dessus (si je le tiens, je ne le lâche plus!). On n'a toujours pas de nuit continue, mais il y a du mieux...de 8 réveils par nuit, on est passé à 2, 3, ou 4...et c'est déjà pas si mal... ;)