Maman à temps partiel ?
Publié le 11 Janvier 2019
En fouinant le net, en pleurs, à la recherche d’un moyen de me mettre en congé parental tout en pouvant continuer à payer mes factures et nous nourrir, je suis tombée sur cette phrase : « Le congé parental d’éducation est un droit accessible à tous les parents ». « Accessible à tous les parents ». Vraiment ? Qu’on m’explique alors comment vivre avec un revenu mensuel de 396.01€, parce que j’ai beau retourner la situation dans tous les sens et ne pas avoir le niveau de vie de Kim K., je n’ai toujours pas trouvé la solution pour ne plus laisser mon bébé chaque matin et partir au travail en pleurant...
Quand, une femme reprend le travail après avoir mis au monde un divin enfant, on lui demande à tout bout de champ, le regard empli de pitié, « Ca va ? ». Trois options.
Soit, c’est une femme qui, malgré l’amour porté à son chérubin, attendait avec impatience –ou pas d’ailleurs- de reprendre le chemin du turbin, elle va bien, et le crie haut et fort, fière de savoir moralement tout concilier.
Soit, elle ne va pas bien, va au travail la mort dans l’âme après s’être elle-même amputée de son bébé, mais fière comme une autruche, remet un coup de mascara avant de pousser la porte, et répond dans un grand sourire que « tout va bien, c’est dur, mais je gère, il faut bien ».
Soit, elle ne va pas bien du tout, et a pris le parti –elle n’a pas le choix de toutes façons car on ne distingue plus ses pupilles tant ses paupières sont gonflées- de le dire, quitte à passer pour la dernière des mauviettes. Et la mauviette, quand elle est nouvelle mère, c’est pour le commun des mortels made in 2000’ LA femme fainéante, mère abusive, qui s’oublie, et surtout, surtout, pas féministe pour un sou. Et la femme triste, désemparée, dégoutée que je suis actuellement, comme certainement des milliers de femmes, n’est pas d’accord. Oui, on peut avoir besoin de voir son bébé chaque jour, de passer chaque minute avec lui, de changer chacune de ses couches, de donner chaque goutte de lait, de voir chacune de ses premières fois, et être courageuse, active, et défenseuse des droits de la femme.
Alors avant que le reste du monde (oui, dans ce cas-là, vous êtes seule contre le reste du monde, toute la journée) ne vous « rassure » à coups d'insupportables « il faut bien », « pas le choix » et « ton bébé est sûrement très bien là où il est ne t’inquiète pas » et que vous ne lui répondiez trop vite « tu n’as rien compris conna.. », vous tentez entre deux sanglots d’expliquer tout cela : que la femme que vous êtes a beau remercier sa grand-mère chaque jour que Dieu fait d’avoir brûlé son soutien-gorge, vous trouvez malgré tout indécent de séparer un couple mère-bébé aussi tôt.
« Mais pourquoi tu ne prends pas un congé parental enfin ?! »
Qu’on ne puisse octroyer à chaque parent désireux de s’arrêter de travailler 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans pour élever son enfant, une somme équivalente à son salaire, j’entends bien, en revanche, qui peut prétendre réussir à boucler ses fins de mois avec les 396.01€ de la PrePare (Prestation Partagée d’Education de l’Enfant) ? On va nous dire qu’à cela s’ajoute les 170,71€ de la PAJE, cette aide versée chaque mois jusqu’aux 3 ans de l’enfant.
Admettons, même si cette somme n’a pas pour but de payer le loyer, mais les couches. Nous arrivons donc à la coquette somme de 566.72€. Avec cette somme, les parents (la mère, le père, ou les deux, l’un après l’autre) sont censés pouvoir faire vraiment le choix de s’arrêter de travailler pour éduquer leurs enfants durant au maximum les 3 premières années de sa vie ? En outre, ces chiffres sont biens loin de la directive européenne…
En cherchant un peu les infos sur les raisons d’un congé parental si peu rémunéré que finalement, très peu de chanceux peuvent y accéder, on en trouve diverses : on veut ainsi éviter d’éloigner les femmes du travail, éviter aussi qu’une rémunération plus importante ne soit trop attractive et que le droit au congé parental ne soit trop pris. En bref, il faudrait redéfinir la notion de droit dans l'histoire…